Il y a un an, naissait le collectif Lettres vives

Le 1er mai est la fête internationale des travailleurs et des travailleuses, symbole des luttes menées depuis 1889 par les ouvrièr·es. Après la manifestation de Fourmies, dans le nord de la France, et la mort de 9 ouvriers tués par la police, l’églantine écarlate devient elle aussi le symbole de cette lutte sanglante.

Ce sont ces deux symboles que le collectif Lettres vives a décidé de mettre en avant en apparaissant publiquement le 1er mai et en choisissant l’églantine créé pour l’occasion par Émilie Soto comme logo.

Nous avions alors la volonté de redonner du souffle, de la vie et de l’enthousiasme à l’enseignement des Lettres, de s’émanciper de pratiques dépassées et cadenassées, pour les élèves comme pour les enseignant·es, de lutter aussi contre une vision passéiste et restrictive de la littérature, de l’écriture et des pratiques langagières, et de combattre, enfin, un discours décliniste portant un regard accusateur sur les jeunes, leurs familles et les enseignant·es.

Mutualiser nos lectures et nos pratiques ; mener des réflexions pédagogiques et didactiques ; réfléchir à notre posture professionnelle et aux valeurs qui nous lient et nous portent, telles étaient les chantiers que nous voulions progressivement mettre en œuvre.

Mais force est de constater qu’à cela s’est ajoutée, au fil des jours, la nécessité de lutter contre les réformes d’un gouvernement qui se révèle chaque jour plus autoritaire et plus dirigiste, qui n’hésite pas à faire passer ses réformes contre l’avis de la majorité des organisations syndicales et des praticien·nes, se réfugiant derrière l’autorité prétendument incontestable de la science ou derrière une expression au vide effarant : « L’École de la confiance ».

En effet, contrairement à ce que peuvent penser, voire soutenir, certain·es collègues, pour nous, enseigner, c’est aussi faire de la politique, c’est-à-dire regarder de manière critique les orientations éducatives, mais également sociales et écologiques du gouvernement. Et prendre position, ouvertement, librement.

Comment ne regarder que ce qui se passe entre les quatre murs de sa classe, et s’en satisfaire, comment détourner les yeux lorsque des classes ferment, que d’autres sont surchargées d’élèves, que les inégalités perdurent et s’accentuent en raison de politiques éducatives élitistes, que des collègues sont muté·es d’office pour avoir osé exprimer leur désaccord avec le ministère, quand le gouvernement cherche à museler les enseignant·es, à contraindre leurs pratiques en classe ou qu’il malmène la jeunesse, en caricaturant son engagement pour la planète ou... en la mettant à genoux ?

De plus en plus, donc, l’école est attaquée, l’enseignement des lettres est dévoyé, les enseignant·es que nous sommes sont dépossédé·es de leurs pratiques, de leurs disciplines, de leurs missions.

De plus en plus, la lutte collective est nécessaire, à travers les organisations syndicales, les associations et les collectifs comme Lettres vives, pour défendre un autre enseignement des Lettres. Car, nous le réaffirmons, nous avons aussi vocation à être force de propositions. Pour cela, depuis un an, nous avons publié une cinquantaine de textes pour réagir à l’actualité et aux réformes ; pour porter des réflexions sur l’émancipation ou l’apprentissage de la lecture ; pour mettre en lumière des pratiques pédagogiques qui nous paraissent enrichissantes ou encore pour partager nos lectures et découvertes autour des Lettres.

Notre engagement ne s’arrêtera pas là. Le samedi 4 mai à Paris, le collectif Lettres vives organise sa première rencontre et d’autres chantiers se profilent déjà : l’émancipation des jeunes, à travers l’enseignement des Lettres ; la subversion des programmes ; des réflexions sur la motivation et sur l’évaluation ; la lutte contre les inégalités et les discriminations mais également une volonté de mettre en avant notre plaisir à enseigner les Lettres et à accompagner les jeunes dans la découverte de ce monde aux frontières que nous voulons laisser ouvertes.

Le collectif Lettres vives accueille toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à l’enseignement des Lettres, de la maternelle à l’université, et même au-delà de l’école. N’hésitez pas à nous rejoindre !

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