Le collectif Lettres Vives participe à la journée de l’AFEF sur les programmes du lycée

L’AFEF (Association Française pour l’Enseignement du Français) a proposé au collectif de participer à une journée sur les nouveaux programmes du lycée. Cette journée aura lieu le samedi 30 novembre, elle est sur inscription.

Voici la page de présentation sur le site de l’AFEF :

http://www.afef.org/nouveaux-programmes-de-francais-au-lycee-comment-faire-pour-quoi

Voici le lien pour s’inscrire :

https://www.afef.org/afef-rencontres

Nous avons évidemment accepté sans hésitation, avec enthousiasme même. Voici pourquoi.

C’est notre première apparition dans un cadre institutionnel, ce qui vaut pour nous reconnaissance de notre nécessité. Cela suffirait. Mais cela nous engage, en particulier dans l’obligation de préciser la place que nous entendons occuper dans la réflexion sur l’enseignement du français.

L’AFEF est une association ancienne, fondée en 1967 elle est la plus ancienne des associations professionnelles de professeurs de lettres. Elle a donc une histoire, qui se joue par exemple dans la répartition des corps d’enseignant·es représentés : parfois le secondaire domine, parfois l’élémentaire. A l’heure actuelle, beaucoup des membres de l’AFEF sont formateurs·rices, professeur·es en sciences de l’éducation, inspecteurs·rices. Son travail est un travail savant, d’expertise didactique autour de l’enseignement des lettres et du français, appuyé sur une revue Le Français aujourd’hui et sur l’inscription dans un réseau international d’association sœurs, au sein de la Fédération Internationale des Professeurs de Français (FIPF). Même si elle a perdu sa subvention sur décision unilatérale du ministère de l’Education Nationale en 2018, l’AFEF reste un interlocuteur institutionnel reconnu. La présidente du Conseil Supérieur des Programmes a même souligné sa présence constante aux réunions consultatives.

Le collectif Lettres Vives est bien plus récent, il a fêté sa première année d’existence « officielle » en mai dernier, laquelle passe par un site internet sur lequel sont publiés des travaux collaboratifs et individuels et une présence continue sur les réseaux sociaux. Les projets ne manquent pas : des rencontres, des actions, des publications. Inspiré au départ du collectif Aggironamento Histoire-Géo, né d’une colère contre à la fois les cahiers orange de recommandation en élémentaire et la réforme des programmes du lycée, mais aussi contre les discours déclinistes et catastrophistes sur l’école, et en particulier le « niveau » des jeunes en lecture et en écriture, le collectif Lettres Vives prend sa place peu à peu dans un univers un peu différent et moins formel, on citera pour le situer le dernier paragraphe de la bibliographie du livre Ecole (Anamosa, 2019) de Laurence de Cock :

« Et pour butiner et se sentir moins seul·e·s :

On consultera les sites des associations pédagogiques comme le GFEN, l’ICEM, le CRAP, le collectif Lettres Vives, le Collectif Aggiornamento Histoire-Géographie, le collectif Questions de classe(s). »

D’un côté donc, une association dont l’ancrage institutionnel est indéniable, de l’autre un collectif au caractère militant bien plus marqué. Les liens entre les deux sont réels et concrets : un nombre non négligeable de membres de l’AFEF sont inscrit·es sur la liste de diffusion du collectif, un membre actif du collectif est invité régulièrement au Conseil d’Administration de l’AFEF et les réseaux des deux mouvements se croisent : le collectif rend compte des numéros du Français Aujourd’hui, des membres de l’AFEF sont des abonnés réguliers à la revue N’Autre école, qui entretient un lien étroit, y compris de publication, avec le collectif. Les un·es et les autres se croisent aux différents événements liés à la réflexion pédagogique, congrès, journées d’étude, salons, rencontres en librairie. Nous nous croisons aussi dans des activités plus militantes : réunions syndicales, manifestations, etc. Il était donc évident que ces liens finiraient par se traduire concrètement.

Il faut dire que nous partageons un certain nombre de convictions, articulées autour d’une idée essentielle : celle que l’école est un lieu d’émancipation des élèves, non seulement dans le sens où elle a pour mission de donner à ces derniers·ères les outils de leur autonomie, mais aussi dans le sens où elle se doit d’accueillir les élèves tels qu’elles et ils sont, en les considérant à partir de ce qui fait leurs cultures à eux/elles, diverses, par là-même disponibles au dialogue et surtout sans hiérarchie implicite. Le sentiment aussi que l’enseignement du français a un rôle particulier et important à jouer là dedans.

Il n’est pas certain que tout le monde, entre l’AFEF et au collectif Lettres Vives, mais aussi à l’intérieur des deux organisations, ait exactement la même définition de mots comme autonomie ou émancipation, mais le sentiment qu’il y a une urgence absolue à les remettre au centre du débat sur l’école est largement partagé, ainsi que la colère contre ce qui nous apparaît comme une conception étriquée, normative à outrance de l’enseignement du français et, bien évidemment, de ce que sont la langue et la littérature.

Les nouveaux programmes de lycée sont, à ce titre et pour le moment, un des lieux privilégiés de la réflexion comme de la lutte. Car il faut bien le dire, l’une des convictions de notre collectif, c’est que les deux – lutte et réflexion – vont de pair. Déjà lors d’une table ronde organisée par Questions de classe(s) en novembre dernier autour de la question des programmes, nous étions arrivés à cette conclusion en forme de projet : la résistance au rappel à l’ordre que constituent des programmes rétrogrades et normatifs passe non pas par un refus systématique et obtus mais bien par une pratique subversive de ces derniers. Le collectif est déjà, à son échelle, en train de construire des propositions dans ce sens.

Aussi lors de cette journée, certain·es intervenants feront en quelque sorte passerelle entre les deux organisations, comme elles et ils le font depuis le début, d’autres viendront pour écouter, rencontrer, intervenir. L’expertise de l’AFEF dialoguera avec l’engagement militant du collectif Lettres Vives. Cela nous semble une nécessité absolue de retrouver ce dialogue mutuel entre une exigence intellectuelle pointue et un projet d’action dans et pour l’école. Nous sommes à ce titre heureuses et heureux d’y participer.

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