La dictée n’est pas ce qu’on veut nous faire croire

Lorsque Jean-Michel Blanquer évoque la dictée quotidienne comme un remède indispensable, il sait que pour les parents, les grands-parents… pour une très grande partie de la population, cet exercice est auréolé de vertus comme l’est une potion pour bien grandir, même si elle est désagréable au goût – comme l’était l’huile de foie de morue.En effet, pour beaucoup d’entre eux, la dictée était source de peine, de souffrance, voire de honte. Le zéro était bien partagé, cinq fautes suffisaient ! Le stylo rouge du maître ou de la maîtresse d’école n’était pas indulgent, il rayait sans pitié et écrivait le zéro d’un geste rageur. Des lignes des mots mal orthographiés s’en suivaient. La dictée parle donc à tout le monde !Mais les élèves aux dictées à zéro ou à une faute étaient-ils meilleurs en orthographe ?Guère plus que les autres, car dans leurs écrits personnels, ils n’appliquaient guère les règles grammaticales et oubliaient les mots […]

Élitiste, maximaliste et dogmatique

Le texte qui suit relate une anecdote à laquelle j’ai été confronté il y a déjà longtemps, mais qui, au vu des discours tenus ici et là, et jusqu’au ministère, sur « la dictée », me parait pouvoir contribuer à la réflexion sur ce sujet. L’académie où je travaillais alors organisait annuellement un championnat d’orthographe, réservé aux élèves, dont je dénonçais le caractère de compétition-spectacle. Cette année-là, le texte choisi m’a offert d’autres arguments pour protester auprès des autorités académiques … A.C. « Il viendra bien, le temps où disparaîtront la notion de “faute” et le zéro en orthographe… » Nina Catach, L’orthographe française, Nathan, 1986  Pour ce championnat académique d’orthographe, une première dictée devait sélectionner parmi les élèves de l’académie ceux qui seraient admis à participer aux épreuves du championnat proprement dit. Le texte choisi était intitulé Les enchantements de la mémoire et accompagné de la mention : « d’après Antoine de Saint-Exupéry ». Pour les élèves […]

L’École française n’apprend pas à lire…

Depuis la publication des résultats de l’enquête internationale Pirls (4 décembre 2017), tout le monde a quelque chose à dire sur l’apprentissage de la lecture. Qu’est-ce qui empêche les élèves français d’apprendre à lire ? Cette étude concerne les élèves de CM1 en lecture et offre un large éventail de leurs compétences (de celles de base à celles de compréhension avancée). Parmi les cinquante pays étudiés, onze se sont améliorés et deux ont régressé dont la France et les Pays-Bas. Les élèves français ont de bons résultats pour les compétences de base, mais échouent pour la compréhension avancée. Ils savent déchiffrer, lire des textes, mais il y a de moins en moins de « bons lecteurs » : ceux qui peuvent extraire de textes des informations complexes (seulement 1 élève sur 25). Pourquoi ? Le temps d’étude ? En France, 40 % des heures de cours (20 % en moyenne pour les pays de l’OCDE) sont consacrées à l’étude […]

Engagement… [Paroles d’élèves, pratiques de profs]

Chaque année, en reprenant les différents programmes de mes classes, je fais le même constat. Le programme de 3e est pesant, tragique. Que ce soit en français ou en histoire. Les « guerres totales », les totalitarismes, « les génocides », le devoir de mémoire, l’engagement sont autant de thèmes et d’orientation qui s’éparpillent sur toute l’année de 3e, et qui peuvent parfois rendre l’atmosphère écrasante, et creuser un fossé entre le quotidien des élèves et les notions présentées par les enseignants. Je ne dis évidemment pas que ce ne sont pas des sujets et des périodes à aborder. Mais il est fréquent de nous entendre nous, enseignant.e.s, déplorer le manque d’intérêt des élèves, le fait qu’ils ne se sentent pas « concernés », ou nous offusquer qu’ils ne connaissent pas tel fait ou tel personnage pourtant « incontournable » dans l’histoire française, voire mondiale. Connaître l’histoire, mais pour quoi faire ? Pour en connaître la chronologie, pour en […]