Question vive : les postures d’enseignant·es durant le confinement

Manques et inégalités, un constat unanime. Les inégalités sont, entre autres, ce que révèle la « continuité pédagogique » dans l’École telle qu’elle est organisée aujourd’hui. Mais lorsque certain·es mettent en avant – à raison – des causes structurelles, sociales, et des choix politiques récents, d’autres accusent la bienveillance, les méfaits du collège unique, le laxisme des personnels et/ou des familles. N’est-ce pas là se tromper de cibles ?  N’est-ce pas là contribuer à mieux invisibiliser les injustices indéniables de l’École que ce moment inédit de confinement exacerbe de façon particulièrement éloquente ? Pris·e dans l’étau de la continuité pédagogique, avec son rythme écrasant et ses exigences folles, chacun·e de nous risque d’être empêché·e de prendre de la distance, de réfléchir à la situation telle qu’elle est réellement, aujourd’hui, et à ses conséquences sur les apprentissages et sur la relation pédagogique, et de nous engouffrer dans ces explications traditionnelles souvent infondées, selon […]

Ça suffit !

Mais qu’arrive-t-il à notre ministre avec le français ?  Donc voilà une crise majeure, inédite, qui demande de l’imagination dans ses réponses. Passons sur le bac en contrôle continu et sur la foire qui va en découler. Mais en français, la seule réponse aux inquiétudes quant aux épreuves anticipées c’est, encore une fois, une variation du nombre de textes. C’est un non sens, littéralement. De quoi le maintien de l’oral de l’EAF est-il le nom ? D’un mépris particulier envers les professeur·es de lettres, leur santé, leur travail ? Ou des élèves de première déjà rudement mis à l’épreuve par la réforme et les E3C ? D’une certaine représentation idéologique de notre discipline ? Est ce à dire que le français n’existe que par le bachotage et donc que sans le bac il s’écroule ? Que l’imaginaire pédagogique de certain·es est limité ! Encore un fois le quantitatif plutôt que […]

Polanski, objet pédagogique

Après avoir publié deux témoignages de pratique liés à la question de la domination masculine, le collectif ne pouvait pas rester indifférent aux enjeux pédagogiques autour du film de Roman Polanski, J’Accuse. Voici donc notre contribution collective à la question. Le film J’Accuse, de Roman Polanski, est un objet pédagogique de fait : il a fait l’objet de dossiers pédagogiques nombreux proposés à l’ensemble des professeurs1 et d’une politique de diffusion auprès des publics scolaires (séances dédiées, etc.). Il fait aussi partie de la sélection pour le prix Jean Renoir, un prix de cinéma remis par un jury de lycéen·nes. Or, on sait que le contexte de création de ce film dérange de nombreuses personnes, mouvements et organisations. Le cinéaste Roman Polanski est publiquement accusé de viol et d’agression sexuelle par une dizaine de femmes, dont la plupart avait, au moment des faits mentionnés, l’âge de nos élèves. Ce contexte […]

Le collectif Lettres Vives participe à la journée de l’AFEF sur les programmes du lycée

L’AFEF (Association Française pour l’Enseignement du Français) a proposé au collectif de participer à une journée sur les nouveaux programmes du lycée. Cette journée aura lieu le samedi 30 novembre, elle est sur inscription. Voici la page de présentation sur le site de l’AFEF : http://www.afef.org/nouveaux-programmes-de-francais-au-lycee-comment-faire-pour-quoi Voici le lien pour s’inscrire : https://www.afef.org/afef-rencontres Nous avons évidemment accepté sans hésitation, avec enthousiasme même. Voici pourquoi. C’est notre première apparition dans un cadre institutionnel, ce qui vaut pour nous reconnaissance de notre nécessité. Cela suffirait. Mais cela nous engage, en particulier dans l’obligation de préciser la place que nous entendons occuper dans la réflexion sur l’enseignement du français. L’AFEF est une association ancienne, fondée en 1967 elle est la plus ancienne des associations professionnelles de professeurs de lettres. Elle a donc une histoire, qui se joue par exemple dans la répartition des corps d’enseignant·es représentés : parfois le secondaire domine, parfois l’élémentaire. A l’heure actuelle, […]

Pour que le suicide de Christine Renon ne passe pas inaperçu

Nous, membres du collectif Lettres vives, soutenons la proposition de motion faite par le collectif Bloquons Blanquer et appelons les collègues à la faire signer dans les établissements. Proposition de motion déjà signée par plusieurs établissements suite au suicide de notre collègue Christine Renon Plus jamais ça! Nous avons appris avec une immense tristesse le décès de notre collègue Christine Renon ce week-end. Nous, membres du personnel du collège/du lycée/de l’école ……. exprimons notre soutien et notre solidarité face à cette si difficile épreuve à ses proches, famille, collègues et ami.e.s, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté scolaire et éducative de l’école Méhul, les parents et les enfants. Dans la lettre qu’elle a laissée, notre collègue évoque sans ambiguïté la souffrance au travail, provoquée par les difficultés dans lesquels nos établissements se trouvent. La responsabilité du ministère et de la hiérarchie est clairement engagée : ils devront rendre des comptes. […]

La culture en partage

Nous sommes un collectif, nous défendons une pratique collective, ce texte a donc été écrit collectivement, nous le signons tou·tes, mais aucun·e de nous ne peut se voir assigner le statut d’auteur ou d’autrice de ce texte. Il est notre réponse aux attaques d’une rare violence dont ont été l’objet certaines d’entre nous autour de la pratique de l’arpentage. La lecture en arpentage consiste à partager les pages d’un livre et à les distribuer à un collectif. Il s’agit d’une pratique issue de l’éducation populaire et ouvrière qui offre la possibilité de mettre en mouvement l’intelligence d’un groupe. À l’origine, elle a été pratiquée par les ouvriers pour s’approprier des textes législatifs ou politiques. En ce sens, elle représente une forme d’autogestion et d’autodidactie collective qui permet de se passer de la glose de l’expert, quel qu’il soit. C’est une pratique qui vise à l’autonomie du collectif concerné. Dans les […]

Pour des mouvements pédagogiques qui s’engagent politiquement : l’exemple de l’Icem-pédagogie Freinet !

Le collectif Lettres vives : … soutient depuis le début les mobilisations des personnels de l’éducation contre les lois Blanquer, élitistes et autoritaires : luttes des personnels précaires, manifestations locales et nationales, grève des examens… … dénonce les nouveaux programmes de lycées, publiés malgré le désaccord d’une majorité des professionnel·les de l’éducation et œuvre pour une subversion de ces lignes directrices délétères qui voient dans les jeunes une simple main d’œuvre à former, et leur refusent l’accès à la plus grande culture alors que c’est elle qui leur permettra de se forger un esprit critique … lutte pour une école inclusive et émancipatrice pour toutes et pour tous, accueillant les jeunes dans des conditions dignes, respectant la liberté pédagogique des enseignant·es et le potentiel créateur des enfants. C’est pourquoi, nous reconnaissant dans les valeurs défendues par l’Icem-pédagogie Freinet, nous soutenons la motion publiée lors du congrès d’Angers en ce mois d’août […]

Grève des examens : soutien du collectif Lettres vives

Face à une situation totalement inédite d’attaques graves contre l’éducation (Loi Blanquer, Parcousup, réforme du bac et des programmes du lycée général, technologique et professionnel, etc.) et de mépris vis-à-vis des élèves, des familles et des personnels (et de leurs organisations syndicales et professionnelles), le collectif Lettres vives apporte tout son soutien au mouvement de grève du 17 juin et des jours suivants. Notre collectif, qui s’est constitué il y a un an pour défendre un autre enseignement du français, de la maternelle à l’université, inscrit son action dans la lutte pour une école publique égalitaire et émancipatrice. Nous attendons que le ministère réponde au plus vite aux revendications des personnels, au lieu de multiplier les tentatives d’intimidation et de casse du mouvement de grève. Si ce n’était pas le cas, il porterait seul la responsabilité de la non tenue des examens… le 8 juin 2019

Première rencontre du collectif Lettres vives : quel bilan?

Les membres du collectif Lettres vives se sont réunis pour la première fois le samedi 4 mai dernier. Une journée riche et intense, qui s’est clôturée avec la rencontre de Maria Candea et Laélia Véron autour de leur livre, Le Français est à nous à la librairie Libertalia à Montreuil. Étaient présent·es des collègues du premier et du second degré, collège et lycée, de la voie générale comme de la voie professionnelle. Les échanges ont permis tout d’abord de revenir sur les lois Blanquer, les réformes en cours et la manière dont elles mettent en péril non seulement l’école, mais également l’enseignement des Lettres. Cependant, le collectif Lettres vives n’a pas seulement vocation à répondre et à faire preuve d’un regard critique face aux projets du gouvernement. C’est pourquoi nous avons consacré une large partie de la journée à parler pédagogie et didactique, à esquisser des pistes de réflexion et de travail, pour un autre enseignement des Lettres, qui œuvre pour l’émancipation […]

Il y a un an, naissait le collectif Lettres vives

Le 1er mai est la fête internationale des travailleurs et des travailleuses, symbole des luttes menées depuis 1889 par les ouvrièr·es. Après la manifestation de Fourmies, dans le nord de la France, et la mort de 9 ouvriers tués par la police, l’églantine écarlate devient elle aussi le symbole de cette lutte sanglante. Ce sont ces deux symboles que le collectif Lettres vives a décidé de mettre en avant en apparaissant publiquement le 1er mai et en choisissant l’églantine créé pour l’occasion par Émilie Soto comme logo. Nous avions alors la volonté de redonner du souffle, de la vie et de l’enthousiasme à l’enseignement des Lettres, de s’émanciper de pratiques dépassées et cadenassées, pour les élèves comme pour les enseignant·es, de lutter aussi contre une vision passéiste et restrictive de la littérature, de l’écriture et des pratiques langagières, et de combattre, enfin, un discours décliniste portant un regard accusateur sur […]